7

Il pleuvait ce soir-là sur San Francisco. Une pluie venue du Pacifique, à la fois tiède et pénétrante, et qui enveloppait la grande cité d’un voile mouvant faisant briller ses toits, luire le macadam de ses rues en pente, multipliant les reflets de ses néons.

Serrés dans leur trench, Bob Morane et Bill Ballantine déambulaient à travers Chinatown à la recherche d’une piste, d’un indice, d’un rien qui pourrait les mettre sur la trace de l’Ombre Jaune. Il y avait huit jours que cela durait. Avec toute une escouade d’agents secrets triés sur le volet, ils écumaient le quartier chinois, attentifs au moindre incident, à la moindre présence insolite. Mais, jusqu’ici, rien ne s’était révélé à eux. Quant à cette Miss Lucy Lu, dont avait parlé Lavins avant de mourir, elle demeurait introuvable.

D’un revers de son épaisse main, Bill Ballantine balaya la mèche de cheveux roux collés par la pluie à son front têtu de taureau.

— Commence à en avoir assez, commandant, maugréa-t-il, de jouer ainsi à cache-cache pour rien. Si seulement il ne pleuvait pas. Mais, depuis quelques jours, cette maudite ville ressemble à une éponge. À force de s’y balader et de tourner en rond comme nous faisons, nous commençons à prendre l’eau par tous les pores, et vous savez que l’eau et moi… Bob Morane se mit à rire doucement.

— Tu préférerais sans doute, en bon Écossais que tu es, qu’il pleuve du whisky, hein Bill ?

Un sourire épanouit la large face du géant, qui hocha la tête.

— Hé, hé, ce ne serait pas si bête ! Se soûler par osmose… Pourquoi pas ?… On ne devrait même pas se fatiguer à lever son verre…

Ils rirent tous deux et continuèrent leur route le long de cette ruelle déserte, envahie par le silence et où, seules, quelques voitures arrêtées le long de l’accotement brillaient tels de gros scarabées morts sous la pluie.

— Si seulement nous pouvions apercevoir une jolie petite Chinoise qui viendrait vers nous, dit Bill, et qui nous dirait tout simplement, comme ça : « Je m’appelle Lucy Lu et j’ai des renseignements à vous fournir sur les plans de l’Ombre Jaune…»

Bob Morane poussa un ricanement.

— C’est beau d’avoir de l’imagination, mon vieux, et de prendre ses désirs pour des réalités. Nous ne savons même pas qui est cette Lucy Lu, ni à quoi elle ressemble…

— Quand on s’appelle Lucy, fit remarquer Bill Ballantine, on ne peut qu’appartenir au sexe d’en face… Donc, elle ne doit certainement pas ressembler à l’Hercule Farnèse…

Morane réfléchissait. Au bout d’un moment, il dit :

— Tu as raison, la seule solution serait sans doute que nous puissions mettre la main sur cette Miss Lu. Espérer autre chose équivaut à tirer des plans sur la comète. Depuis le temps que nous errons dans ce quartier et que rien ne se passe…

Que rien ne se passait… Le Français avait parlé trop vite. À dix mètres d’eux environ, de l’autre côté de la ruelle, un homme portant un imperméable gris clair et un chapeau de même couleur surgit entre deux voitures arrêtées. Pendant un bref moment, le reflet d’un lampadaire voisin accrocha sa face jaune mais, déjà, il avait eu le geste du lanceur et un objet rond, accomplissant une trajectoire à travers la bruine, vint tomber aux pieds de Morane et de Bill. Ceux-ci avaient immédiatement compris. D’un seul élan, comme mus par des ressorts, ils bondirent le plus loin possible de l’objet pour se mettre à l’abri derrière un véhicule. À l’endroit qu’ils venaient de quitter, la grenade éclata avec fracas, criblant murs et autos de ses éclats. Aucun d’eux cependant n’atteignit les deux amis, qui s’étaient jetés à plat ventre.

Le Chinois à l’imperméable et au chapeau gris s’était mis à courir à toute vitesse vers le débouché de la ruelle. Morane se redressa d’un bond.

— Pas de doute, c’est un coup de Monsieur Ming, dit-il. Je file le train au type en essayant de ne pas me faire repérer. Peut-être nous mènera-t-il sur une bonne piste. Essaie de nous suivre, Bill…

À demi courbé, se dissimulant de voiture en voiture, Morane s’était déjà lancé sur les traces du fuyard qu’il apercevait encore, petite silhouette claire dans la nuit humide.

Le Chinois semblait persuadé d’avoir touché ses victimes car, pas une seule fois, il ne s’était retourné dans sa course. Quand il atteignit le débouché de la ruelle, Bob n’était plus qu’à quelques mètres de lui. Cependant l’intention du Français n’était pas de rejoindre le fuyard, et il ralentit un peu son allure, attendant que l’homme ait tourné le coin pour s’engager dans une artère plus passante. Quand ce fut fait, Morane reprit aussitôt sa filature.

La rue dans laquelle le lanceur de grenades s’était engagé était une rue commerçante, bordée de boutiques de toutes sortes, allant de l’antiquaire à l’épicerie, en passant par la droguerie, le restaurant populaire et le barbier. La foule qui s’y pressait, relativement clairsemée à cette heure déjà tardive de la soirée, se composait pour la plus grande partie de Chinois, et aussi de quelques marins européens qui, par groupes, s’en allaient en goguette sans doute dans l’espoir, vain d’ailleurs, de pénétrer les secrets de la ville chinoise.

L’individu que Morane suivait avait cessé à présent de courir et marchait à son aise. De temps à autre, il se retournait maintenant mais Bob demeurait précautionneusement le long de la muraille, essayant de se perdre derrière les groupes de passants, et il ne fut en aucune circonstance aperçu.

Ils marchèrent ainsi durant quelques minutes, puis l’homme à l’imperméable et au chapeau gris s’arrêta devant une épicerie demeurée ouverte et dont l’enseigne proclamait :

Chez Son – Alimentation chinoise – Importation directe de Hongkong.

Durant quelques instants, le Chinois regarda attentivement autour de lui, mais toujours sans apercevoir Bob, qui s’était tapi dans une encoignure. L’homme était parfaitement éclairé par les lumières de la vitrine et Morane put remarquer alors que le chapeau qu’il portait était de forme démodée, aux bords assez larges et à la coiffe ornée d’un haut ruban noir, ce qui ne se faisait plus depuis des années. « Ou bien ce type-là porte le couvre-chef de son ancêtre, songea le Français, ou bien il se fournit directement chez l’antiquaire…»

Assuré de n’avoir pas été suivi, le lanceur de grenades pénétra dans la boutique et disparut derrière la porte, qu’il referma sur lui.

Toujours dissimulé dans son encoignure, Morane demeura quelques instants indécis, se demandant quel parti prendre. Le plus simple évidemment était d’attendre l’arrivée de Bill et de lui recommander d’aller avertir Gains, afin que la police cernât le quartier et visitât la boutique pour y saisir l’homme en gris. Mais cela prendrait sans doute un certain temps et l’agent de Ming, on ne pouvait douter qu’il le fût, aurait sans doute eu le temps de prendre le large.

Cherchant autour de lui, Ballantine apparut sur le trottoir. Quand il fut à sa hauteur, Bob l’interpella doucement.

— Je suis là, Bill. Viens me rejoindre…

Le géant fouilla du regard la pénombre de l’encoignure et distingua la silhouette de son ami. Il s’approcha et, se dissimulant à son tour, demanda :

— Où donc est passé notre petit plaisantin au pétard, commandant ?

Du menton, Morane désigna la boutique de l’épicier et expliqua :

— Il est entré là-dedans, Bill… peut-être pour y acheter son aileron de requin du soir…

— À moins que ce ne soit là qu’il achète ses grenades, goguenarda l’Écossais. Dans ces épiceries chinoises, on trouve un peu de tout…

Tous deux demeurèrent un moment silencieux, essayant de distinguer quelque chose à travers les vitrines de la boutique, mais les reflets sur les vitres mouillées brouillaient tout. Finalement, Bob n’y tint plus.

— Reste là, Bill, et fais le guet. Je vais voir ce qui se passe là-dedans. Si dans cinq minutes je ne suis pas reparu, tu alertes Gains et vous fouillez le quartier…

La puissante main de Bill se posa sur le bras de son ami.

— Vous allez encore vous flanquer dans la gueule du loup, commandant…

Morane haussa les épaules.

— Dans la gueule du loup ? fit-il. N’est-il pas permis d’entrer dans une épicerie chinoise, comme tout le monde ? Après tout, on peut ne pas avoir les yeux bridés et aimer les grenades à la sauce cantonnaise…

D’un mouvement sec du bras, il se dégagea et, nonchalamment, traversa la rue pour gagner l’épicerie. Sans hésiter, il poussa la porte et pénétra dans la boutique. Celle-ci était composée d’une pièce assez vaste, plus longue que large, huit mètres sur trois environ. Un des côtés était occupé par un long comptoir de bois verni encombré de bocaux et derrière lequel une grande étagère supportait des denrées de toutes sortes : ailerons de requins séchés, champignons agglomérés comme des feuilles mortes, boîtes de conserves exotiques, poissons déshydratés et salés… Derrière le comptoir, un Chinois s’affairait, mais ce n’était pas le lanceur de grenades. Au contraire, il s’agissait d’un petit vieillard en blouse grise à l’air affable et qui s’expliquait en patois de Chinatown avec une ménagère qui profitait sans doute de cette heure tardive pour faire ses emplettes, hors de toute foule.

Morane connaissait suffisamment le patois employé par les habitants de Chinatown pour comprendre ce qui se disait. Au moment où il avait pénétré dans la boutique, l’épicier demandait à sa cliente :

— Et que puis-je vous servir encore, madame Tien ?

La ménagère, dont le cabas déjà à demi plein était posé devant elle sur le comptoir, eut un léger sursaut.

— Que se passe-t-il, monsieur Son, interrogea-t-elle, pour que vous me posiez pareille question ? Vous savez bien que le prends chaque soir ma boîte de litchis. Auriez-vous perdu la mémoire ?

Sans doute s’agissait-il d’une habituée qui considérait le fait de faire ses emplettes comme un rite. Depuis des années, chaque soir sans doute, elle entrait dans cette boutique sans rien dire et on lui emplissait automatiquement son sac des denrées coutumières. Il était donc normal qu’elle s’étonnât de la question du boutiquier. Celui-ci avait d’ailleurs pris sur l’étagère une boîte de litchis, qui alla rejoindre les autres marchandises dans le sac. Madame Tien paya et, en maugréant entre ses dents jaunes et gâtées, elle quitta la boutique.

Morane demeura seul devant l’épicier. Celui-ci, se faufilant derrière son comptoir, s’approcha de lui et, s’inclinant respectueusement, à l’asiatique, demanda :

— Que puis-je pour l’honorable gentleman ?

Au hasard, Morane jeta le nom d’une denrée dont les Chinois sont friands mais qu’il est souvent fort difficile de trouver en Occident.

— Je voudrais une boîte de trépang séché, dit-il. Il s’attendait à ce que le commerçant lui répondit ne pas posséder ce mets recherché, mais au contraire, un sourire apparut sur le visage du Chinois qui s’inclinant à nouveau, lança :

— J’ai justement reçu du trépang de Hongkong… J’en donne à l’honorable gentleman…

Pendant que l’épicier prenait une boîte couverte de caractères chinois sur une des étagères et l’enveloppait de papier brun, Morane inspectait avec soin la boutique. Nulle part cependant il ne trouva trace du lanceur de grenades. Seule, une porte se découpant au fond du magasin attira son attention « Sans doute cette porte donne-t-elle sur l’arrière-boutique, songea-t-il, et mon homme sera-t-il passé par-là…»

La voix de l’épicier le fit sursauter.

— Voilà votre paquet, honorable gentleman. Ce sera trois dollars…

Bob avait légèrement sursauté et il se rendit compte que le commerçant l’observait avec curiosité, voire avec suspicion. Sans montrer la moindre hâte, il posa trois billets d’un dollar sur le comptoir, prit le paquet qui lui était tendu et regagna la rue.

— Qu’est-ce qui se passe, commandant ? avait interrogé Bill Ballantine.

Morane était allé retrouver son ami dans leur encoignure.

— Il se passe, Bill, que nous nous trouvons avec une boîte de trépang séché sur le dos. Reste à savoir comment nous allons le préparer…

Dans la pénombre, l’Écossais fit la grimace.

— De toute façon, dit-il, je déteste le trépang… Le reste de la cuisine chinoise, ça va bien sûr. Mais le trépang ! Rien qu’à en sentir l’odeur, et j’ai envie d’avaler aussi sec tout un litre d’eau de Cologne… ou de whisky…

— De toute façon, nous ne sommes pas venus là pour savoir à quelle sauce il faut préparer les holothuries, dit Morane en déposant le paquet sur le sol, mais pour nous demander où est passé notre lanceur de pétards…

— Aucune trace de lui ? interrogea à nouveau Bill. Le Français secoua la tête.

— Aucune trace… Pourtant, je suis persuadé qu’il a pénétré dans cette boutique. Évidemment, il y a une sortie de derrière…

— Dans ce cas, nous sommes Gros Jean comme devant, fit remarquer Ballantine. Notre lascar a traversé le magasin et s’est perdu dans la nature…

— Ce n’est pas si sûr, mon vieux, murmura Morane l’air rêveur. Si notre homme n’a fait que traverser l’épicerie, au nez et à la barbe de son tenancier, il faut supposer que celui-ci se trouve d’une façon ou d’une autre, directement ou indirectement, en cheville avec l’Ombre Jaune…

De la main, Morane désigna la boutique, et il continua :

— Nous nous trouvons donc de toute façon sur une nouvelle piste… À nous de savoir la suivre…

— Comment allons-nous nous y prendre ?

— De la façon la plus simple qu’il soit possible. Nous allons attendre ici que M. Son ferme boutique. Ensuite, nous irons jeter un coup d’œil à l’intérieur…

Sans prononcer de nouvelles paroles, ils demeurèrent immobiles dans leur encoignure, certains que de l’épicerie on ne pouvait distinguer leurs silhouettes. Un quart d’heure se passa, puis les lumières de la boutique s’éteignirent. L’épicier apparut sur le seuil, revêtu d’un imperméable et chapeauté. Il ferma la porte derrière lui et s’éloigna d’un pas rapide.

— La chance est pour nous, constata Morane. M. Son ne semble pas habiter sa boutique… Nous aurons donc les coudées franches…

Un nouveau quart d’heure s’écoula. Dans la rue, les passants se faisaient de plus en plus rares. La pluie, qui continuait à tomber avec entêtement, n’avait rien d’ailleurs pour encourager aux promenades nocturnes. Bob désigna un étroit passage sur le côté de l’épicerie.

— Allons jeter un coup d’œil par-là, dit-il. Nous trouverons bien l’une ou l’autre voie d’accès…

Sans se presser, ils traversèrent la rue et se glissèrent dans le passage, bordé sur la droite, côté boutique, d’un mur haut de deux mètres à peine. Bob en désigna le faîte.

— Passons par-là, dit-il. Sans doute nous trouverons-nous alors derrière l’épicerie elle-même. Fais-moi la courte échelle, Bill…

Vingt secondes plus tard, ils prenaient pied tous deux dans une étroite cour dallée au fond de laquelle on distinguait un hangar d’où sourdait une odeur un peu écœurante de poisson séché. Ils ne pouvaient donc douter se trouver dans les dépendances de l’épicerie. Morane désigna une porte, sur la droite.

— Essayons de passer par-là, dit-il. Nous devons immanquablement déboucher dans l’arrière-boutique…

La porte, dont la serrure était vétuste et le chambranle à demi moisi, ne résista pas longtemps à la poussée puissante de Bill Ballantine. Le bois céda avec un claquement sec et le battant pivota sur ses gonds. Tirant de sa poche une minuscule torche électrique, Morane en masqua le faisceau lumineux de la main, et tous deux s’engagèrent dans un étroit corridor où régnait toujours la même odeur de poisson ranci que dans la cour. Une seconde porte, non fermée celle-là, leur permit d’accéder à une petite pièce carrée, encombrée de caisses portant toutes des marques commerciales de Hongkong.

— Aucune erreur, constata Morane, nous nous trouvons bien dans l’arrière-boutique. Jetons-y un coup d’œil…

Mais ils eurent beau regarder derrière les caisses, en déplacer quelques-unes, ils ne découvrirent rien, aucune présence, aucune issue.

— Décidément, fit Bill, rien ne marche dans cette affaire. L’oiseau semble s’être envolé… Vous auriez dû l’épingler immédiatement, commandant, après qu’il eut lancé son pétard… Peut-être les hommes de Gains auraient-ils réussi à le faire parler…

Bob Morane tournait et retournait à travers l’arrière-boutique à la façon d’un fauve en cage. Il enrageait. Ne venait-il pas de découvrir une nouvelle piste, et voilà que celle-ci se perdait définitivement, comme une source dans le sable. Rageusement, il écarta un rideau dissimulant des étagères sur lesquelles s’amoncelaient des boîtes de conserves et des bocaux.

— Rien là-dedans non plus, maugréa-t-il. J’ai l’impression, Bill, que tu as tout à fait raison : nous avons manqué le coche…

C’est alors que le pied du Français toucha quelque chose de mou dissimulé jusqu’alors par la tenture. Il se baissa, ramassa l’objet et le retourna longuement, pensif, entre ses doigts. Il s’agissait d’un vieux feutre gris, de forme démodée et trempé par la pluie, dont la coiffe s’ornait d’un large ruban noir : le couvre-chef du lanceur de grenades.

 

La cité de l'Ombre Jaune
titlepage.xhtml
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_000.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_001.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_002.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_003.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_004.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_005.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_006.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_007.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_008.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_009.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_010.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_011.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_012.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_013.html
Vernes,Henri-[Bob Morane-075]La cite de l'Ombre Jaune(1965).French.ebook.AlexandriZ_split_014.html